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Syngnathus typhle - Pierre Corbrion 1.jpg

Atlas de la biodiversité

Les poissons intertidaux

Parmi les nombreuses espèces qui vivent sur l’estran, les poissons constituent un groupe diversifié comprenant plusieurs dizaines d’espèces. Au cours de leur cycle de vie, les poissons utilisent divers habitats, pour se reproduire, se développer, se nourrir ou pour transiter entre différents milieux. 

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Chez la plupart des poissons, il y a une phase de dispersion qui se déroule dans l’océan, où les œufs et larves vont dériver librement avec les courants avant de coloniser des habitats favorables à leur développement. Ensuite, les larves s’installent au sein d’habitats côtiers pour évoluer en tant que juvéniles, puis en adultes. 





 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Certains poissons ont la globalité de leur cycle biologique qui se déroule dans des habitats côtiers, sans nécessité de phase pélagique. Ainsi, pour un certain nombre de poissons, la zone intertidale est un habitat essentiel dans une partie, ou dans la totalité de leur cycle de vie. En effet, les zones intertidales et les estuaires, sont des zones de frayères et de nourriceries importantes pour de nombreuses espèces, telles que la plie commune (Pleuronectes platessa), le grand syngnathe (Syngnathus acus), le bar (Dicentrarchus labrax) ou encore le gobie paganel (Gobius paganellus). 

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Ces espèces peuvent être qualifiées de poissons à phase intertidale, car elles dépendent de l’estran durant une partie de leur vie. Les différents facteurs environnementaux de l'estran influencent la croissance et la survie des œufs, des larves puis des juvéniles, ce qui influence également leur recrutement au sein des populations. Les conditions de ce milieu sont en général propices au développement des individus, avec des ressources alimentaires abondantes et de nombreux endroits offrant des refuges contre la prédation (rochers, algues, anfractuosités), d’autant que les plus grands prédateurs évitent les petits fonds. Lorsque les individus se sont assez développés, ils vont présenter trois principaux types de comportements, selon que l’espèce dépend complètement ou non de la zone intertidale.

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Le premier cas concerne les poissons pélagiques. Ils vivent en pleine mer et viennent sur l’estran pour se nourrir à marée haute ou se reproduire. Lorsque la marée est basse, ces poissons se retirent dans les petits fonds en suivant la marée, ils ne sont donc en général pas visibles sur l’estran, sauf s’ils se retrouvent piégés dans des cuvettes en attendant la prochaine marée. C’est le cas par exemple du lieu jaune (Pollachius pollachius), du bar ou du tacaud (Trisopterus luscus).

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Le second comportement correspond aux poissons démersaux, ils vivent près du fond, mais n’en sont pas totalement dépendants. Ces espèces, comme les plies, les syngnathes ou les hippocampes, restent à proximité de la zone découverte, dans de faibles profondeurs d’eau, ils sont donc plus accessibles à l’observation, et à l'échantillonnage (non-destructif) pour les identifier.

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Enfin, plusieurs espèces de poissons sont benthiques, c’est-à-dire qu'ils vivent uniquement sur le fond. On y retrouve notamment des blennies, des gobies et des lepadogaster. C’est dans ce groupe d’espèces que se rencontrent les poissons strictement intertidaux, souvent territoriaux, en dehors de la phase larvaire planctonique. Il est donc commun d’en trouver à marée basse, cachés sous des pierres, sous les algues, dans des cuvettes ou en dehors de l’eau. Par exemple, Gobius paganellus est une espèce spécifique de l’estran, présent essentiellement dans le médiolittoral (maximum de 10 m de profondeur). La femelle pond plusieurs milliers d'œufs d’avril à juin, sous une roche, dans une anfractuosité ou dans une coquille de bivalve vide. Les mâles s’occupent ensuite des œufs pendant une vingtaine de jours avant l’éclosion. Ils supportent l’émersion en se cantonnant dans des abris humides où peut persister une faible couche d’eau. 

 

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Dans le cadre des inventaires sur les estrans bretons réalisés par l’OBCE, les poissons intertidaux sont identifiés. Les sorties se faisant à marée basse, seuls les poissons démersaux et benthiques sont intégrés dans les analyses, même si les observations opportunistes de juvéniles des poissons pélagiques piégés dans les cuvettes sont également conservées. Les données obtenues permettent de décrire les aires de répartition des espèces, leur abondance et dans certains cas, leur saisonnalité. De plus, en Bretagne, certaines espèces se trouvant être à la limite de leur aire de répartition, Nord ou Sud, il devient possible d’observer des déplacements des limites de leur aire biogéographique. C’est le cas par exemple de la blennie paon (Salaria pavo), qui a atteint récemment la Rade de Brest, repoussant sa limite Nord, cantonnée jusqu’à peu au sud-Gascogne. De plus, une observation ponctuelle en Rance (Ille-et-Vilaine) suggère qu’elle peut également être introduite par les activités ostréicoles, ce qui peut ouvrir la voie à un nouveau noyau de population.

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Ces données collectées permettent donc de caractériser des évolutions de répartition géographique régionale en estran et de poser différentes hypothèses sur la manière dont vont évoluer les poissons intertidaux dans le contexte du changement climatique. Il est ainsi très probable que les espèces strictement intertidales seront plus sensibles au réchauffement climatique que les espèces dont le potentiel écologique présente un plus large gradient bathymétrique que la seule zone intertidale. Celles-là pourront plus facilement se réfugier en profondeur, en zone infralittorale dans laquelle les écarts de températures sont largement pondérés. Il faut souligner également que les poissons strictement intertidaux seront affectés non seulement directement par les facteurs climatiques atteignant des valeurs impropres à la survie des individus, mais aussi indirectement par les changements qui affectent l'écosystème intertidal et son réseau trophique spécifique. 

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On trouvera ci-dessous la présentation des espèces les plus fréquentes sur les estrans bretons, celles dont la distribution montre des signaux de potentielle évolution et de quelques espèces rares d’intérêt écologique et patrimonial.

Etapes-du-cycle-de-vie-des-poissons.png

Étapes du cycle de vie d'un poisson type - © Lozano et al., 2015

gobius_paganellus-cr1001.jpg
Gobius paganellus Camaret (29) 2022 André Fouquet. 1.jpg

Observations de Gobius paganellus sur l'estran

Apletodon dentatus - Pierre Corbrion 1.JPG
Anguilla anguilla - Pierre Corbrion 1.jpeg
Conger conger - Pierre Corbrion.JPG
Coryphoblennius galerita Loctudy (29) 2020 André Fouquet. 1.jpg
Entelurus aequoreus - Pierre Corbrion.JPG
Gaidropsarus mediterraneus Penmarc'h (29) 2021 André Fouquet. 1.jpg
Gobius niger Rosnoën (29) 2021 André Fouquet..jpg
gobius paganellus CH.JPG
Hippocampus hippocampus - Pierre Corbrion.jpg
Lepadogaster candolii - Pierre Corbrion 1.JPG
Lepadogaster purpurea Primelin (29) 2023 André Fouquet. 1.jpg
Nerophis lumbriciformis Camaret (29) 2024 André Fouquet. 1.jpg
Parablennius gattorugine - Pierre Corbrion 2.JPG
Pholis gunellus Rosnoën (29) 2021 André Fouquet..jpg
Salaria pavo - Pierre Corbrion.jpg
Spinachia spinachia Felipe Alessio.JPG
Syngnathus acus - pierre Corbrion 1.JPG
Syngnatus typhle Penmarc'h (29) 2022 André Fouquet. 2.jpg
Taurulus bubalis - Pierre Corbrion.jpg
Tripterygion delaisi - Pierre Corbrion.jpg
  • Fiche Porte-écuelle à petite tête (Apletodon dentatus)

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  • Fiche Anguille européenne (Anguilla anguilla)

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  • Fiche Motelle à cinq barbillons (Ciliata mustela)

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  • Fiche Congre (Conger conger)

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  • Fiche Blennie coiffée (Coryphoblennius galerita)

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  • Fiche Entélure (Entelurus aequoreus)

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  • Fiche Motelle à trois barbillons (Gaidropsarus mediterraneus)

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  • Fiche Gobie noir (Gobius niger)

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  • Fiche Gobie paganel (Gobius paganellus)

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  • Fiche Hippocampe moucheté (Hippocampus guttulatus)

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  • Fiche Hippocampe à museau court (Hippocampus hippocampus)

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  • Fiche Porte-écuelle de Candolle (Lepadogaster candolii)

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  • Fiche Porte-écuelle de Cornouailles (Lepadogaster purpurea)

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  • Fiche Mordocet (Lipophrys pholis)

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  • Fiche Nérophis lombric (Nerophis lumbriciformis)

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  • Fiche Blennie gattorugine (Parablennius gattorugine)​

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  • Fiche Gonelle (Pholis gunnellus)

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  • Fiche Blennie paon (Salaria pavo)

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  • Fiche Épinoche de mer (Spinachia spinachia)

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  • Fiche Syngnathe-aiguille (Syngnathus acus)

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  • Fiche Siphonostome (Syngnathus typhle)

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  • Fiche Chabot-buffle (Taurulus bubalis)

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  • Fiche Triptérygion jaune (Tripterygion delaisi)

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